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Dépistage des violences faites aux femmes et intérêt d'une filière post-urgences : étude qualitative auprès de patientes suivies (Violence against women screening and relevance of a post-emergency pathway: a qualitative study of followed-up patients) | ||
Thaon, Marie - (2024-09-23) / Universite de Rennes - Dépistage des violences faites aux femmes et intérêt d'une filière post-urgences : étude qualitative auprès de patientes suivies Langue : Français Directeur de thèse: Sugranes , Pauline Thématique : Médecine et santé | ||
Mots-clés : Violences conjugales, Violences faites aux femmes, médecine d’urgence, filière post- urgences, dépistage, étude qualitative, Violence envers les femmes, Violence conjugale, Médecine d'urgence, Prise en charge personnalisée du patient Résumé : Introduction : Les violences conjugales (VC) sont un problème de santé publique responsables en France en 2022 de 118 féminicides et 12 infanticides, 244 301 infractions enregistrées dont 86% des victimes étaient des femmes. Les violences physiques, psychiques et sexuelles impactent la santé et celle des enfants témoins. Les femmes se sont confiées à leur médecin (24%) avant la gendarmerie (17%). Les urgences constituent une porte d’entrée pour leur prise en charge : 75% des faits violents ont lieu sur un temps de garde. Des études auprès des médecins généralistes et urgentistes révèlent que les freins au dépistage sont le manque de temps, de formation, l’absence de prise en charge à proposer, et la peur de l’intrusion dans la vie privée. Des filières dédiées ont vu le jour pour suivre ces patientes. L’objectif de cette étude était d'évaluer, au travers d’une étude qualitative auprès de patientes victimes de VC suivies en consultation, l’impact d’un dépistage et l'intérêt d'une filière post urgence dans leur prise en charge. Matériel et méthode : Cette étude prospective qualitative, menée dans les centres de Saint-Malo et Lorient a permis l’inclusion entre avril et juin 2024 de 13 femmes majeures victimes de VC. Celles-ci consultaient dans les filières à la suite d’un évènement aigu qualifiant leur prise en charge de « post urgence ». La méthode utilisait un questionnaire semi-dirigé inspiré d’études qualitatives sur les VC. Les entretiens enregistrés ont été retranscrits « mot pour mot ». L’analyse des données a été faite en double relecture. L’ensemble des réponses a été analysé en utilisant une méthode déductive et inductive, inspirée de la théorisation ancrée. Résultats : L'analyse des 13 entretiens montre que la moitié des participantes a consulté aux urgences et un tiers à l'unité médico-judiciaire. Les participantes, souvent issues du domaine sanitaire et social, ont décrit des violences principalement psychologiques et physiques, avec des impacts sur leur santé mentale et sur leur entourage. La reconnaissance des violences a été tardive, compliquée par le déni et la normalisation. Les violences sexuelles étaient difficilement verbalisées. Des outils d’aide au dépistage semblaient nécessaires à la reconnaissance des actes subis (le cycle de la violence, le violentomètre). La justice jouait un rôle clé pour valider leur statut de victime. Le dépistage était bien accueilli par les participantes sans sensation d’intrusion dans leur vie privée. Elles estimaient que c’était le rôle du personnel soignant. Les femmes se livraient plus facilement au sein de cette structure du fait de sa spécialisation. La relation ancienne avec leur médecin généraliste les freinait pour la prise en charge des VC. Quant à la filière, la satisfaction était unanime. L’organisation hospitalière offrait un espace sécurisé dédié. Au sujet du terme « victime », la plupart verbalisait une ambivalence, partagée entre la reconnaissance d’un statut juridique et la volonté de ne pas s’identifier comme telle. Discussion : Le dépistage et les consultations dans la filière post-urgences ont joué un rôle clé dans la libération de la parole et l'amorce de la prise en charge. Elle a permis une amélioration globale de leur qualité de vie en raison d’une approche pluridisciplinaire médicale, sociale et psychologique. Un espace dédié aide les femmes à se préparer à parler des VC, même à distance de l'événement aigu. Pour améliorer la prise en charge, il est essentiel de mieux communiquer sur ces structures et de promouvoir l'utilisation d'outils comme le violentomètre. Les soignants, plus touchés par ces violences, méritent un dépistage spécifique. Résumé (anglais) : Identifiant : rennes1-ori-wf-1-19905 |
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