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Forum Nîmois - Charles GIDE - ROUSSEAU 17 mars 2016 | |
Description : L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 17 mars 2016, à la maison du protestantisme à Nîmes Dominique Rousseau C’est pour moi un double plaisir de t’accueillir ce soir devant notre Forum Charles Gide. D’abord en tant qu’ancien collègue de la même Université, Montpellier I, où tu as enseigné le droit constitutionnel jusqu’à ton départ pour la Sorbonne. Ensuite par ce que tu es bien connu des habitants de notre région par tes chroniques bimensuelles du Midi Libre du dimanche. Ils en connaissent le style très clair, et la capacité que tu as de présenter simplement les problèmes les plus complexes et délicats. Je dois te donner une troisième raison de ma joie de te recevoir. Je pense que tu t’en souviens : nous nous sommes confraternellement affrontés en 2005 à la faculté, à propos du référendum constitutionnel. J’avais été plus violent que toi dans le débat. Mais finalement, le vote a approuvé ta position. En te recevant, j’ai l’impression de réparer un peu la violence de mes propos, que ma femme m’a d’ailleurs reproché dès la sortie de l’amphi, et qui tenait à mon plein engagement dans ce débat. Tu es aujourd’hui professeur de droit constitutionnel à Paris I Panthéon Sorbonne. Très sincèrement j’envie tes étudiants. Surtout quand je compare leur chance à la mienne. Figures toi que j’avais eu en 1963, quand j’ai repris mes études à Casablanca, après mon service militaire, en première année d’économie, un dénommé Robert, comme professeur de Droit constitutionnel- à l’époque les économistes apprenaient aussi le Droit constitutionnel. Or ce « collègue » prononçait régulièrement une ode à la démocratie athénienne, qui excluait du suffrage les métèques, les esclaves et les femmes, et en concluait que, finalement, le suffrage universel était une aberration ! Tu as fait des études de droit à Poitiers et c’est après l’agrégation que tu es venu enseigner à Montpellier. C’est ensuite que tu as obtenu logiquement, le poste de Paris Panthéon Sorbonne où tu es toujours Tu as été co-directeur de l’Ecole de droit de la Sorbonne. Tu es comme Michel Maffesoli, que nous avons reçu, membre de l’Institut universitaire de France, membre du Conseil scientifique de l’association française des constitutionalistes et de l’Académie internationale de Droit constitutionnel. De 2002 à 2006, tu as occupé le poste prestigieux de membre du Conseil supérieur de la magistrature. Tu as ensuite été nommé membre, en 2012, de la Commission de rénovation et de déontologie de la vie politique, donc co-auteur du rapport sur ce sujet remis au Président de la république cette même année. Les habituelles mauvaises langues diront que ce rapport n’a pas servi à grand-chose, quand on pense au comportement de gens comme Patrick Balkany, Maire de Levallois, sans cesse réélu d’ailleurs, ou encore Jérome Cahuzac Ministre du Budget. Mais j’ose dire que si nos hommes politiques sont un tout petit peu moins corrompu que les élus d’Espagne ou Italie, un petit peu plus que ceux d’Europe du nord, le « tous pourris » qui ressort d’un récent sondage, dans lequel 77% des français pensent que « la plupart » des hommes politiques le sont, est très exagéré. Ce même sondage indique, dans le même sens, que 93% des français pensent que ces mêmes hommes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels. Opinion évidemment fausse, les « pourris » sont même minoritaires parmi les huit cent élus nationaux et les milliers d’élus locaux. Ce qu’on peut, par contre, leur reprocher, comme une excellente étude du Monde du 13 mars le développait, c’est qu’ils ont fait de la politique un métier qu’ils espèrent garder toute leur vie. Après le non cumul des mandats, ne faut-il pas aussi limiter le nombre de mandats successifs ? Je pense qu’alors l’opinion reviendrait sur ses avis négatifs. Je crois que tu as aussi d’autres réformes à proposer pour le fonctionnement de notre République. Peut-être nous en diras-tu un mot ce soir. Je ne peux terminer cette présentation, sans ajouter que tu as publié 12 livres et bien sûr, une flopée d’article dans ta matière. Un manuel de Droit constitutionnel en 2004, précédé et suivi d’un ouvrage sur La justice constitutionnelle en Europe qui font tous deux autorité, mais aussi , en 2007, la Vème République se meurt, vive la démocratie, en 2012 Le Consulat Sarkozy, et en 2015, le livre qui est entre autres, présenté ici, Radicaliser la démocratie. Tu as décidé ce soir, de poser et répondre à cette question : la citoyenneté est-elle menacée ? Très beau sujet ! Que tu as d’ailleurs abordé aux Agoras de l’Humanité et qui a été repris sur You Tube. Tu as appliqué à la citoyenneté, dans cette conférence, la fameuse phrase de Beauvoir, on ne nait pas femme, on le devient. Pour toi, et je pense que tu as raison, on ne nait pas citoyen, mais individu et l’on devient citoyen, et on le devient citoyen, ajoutes tu, mais je n’irai pas plus loin, parce que nous sommes sujets de droit. Le droit construit le citoyen. Si ce n’est pas le droit, ce sont tous les autres déterminants sociaux qui nous définissent, et nous renvoient à nos communautés diverses. J’ai hâte de t’entendre. Mais permets-moi encore d’ajouter trois questions Si c’est bien le droit qui constitue le citoyen, quid de l’éducation. La seule voie pour que nous connaissions nos droits, ceux du citoyen devrait être l’école. Or si on enseigne bien, en histoire ou en instruction civique, les « valeurs » de la république, il n’y a pas de cours de droit en tant que tel dans l’enseignement obligatoire. On sort du Collège sans vraiment connaitre nos droits. Que proposes-tu pour combler ce manque ? Ma seconde question porte sur le complément des droits. Bien sûr ils ont été conquis de force, au cours des ans, souvent par la violence, dans des révolutions. C’est d’ailleurs le sang éventuellement versé pour eux qui les sacralise. Mais ne faut-il pas distinguer les « droits de l’homme » qui sont universels, et doivent être partout promu-et défendus, même là où ils sont censés être acquis, comme le prouve les évolutions inquiétantes de la Hongrie et de la Pologne, des droits du citoyen, qui spécifient éventuellement les droits supplémentaires acquis par la citoyenneté. Ces derniers n’impliquent pas aussi des « devoirs », dont le premier, fondamental, est de ne pas prendre les armes contre son propre pays. Tu comprends bien par-là que je sollicite, de ta part, un discernement entre nationalité et citoyenneté. Ma troisième question découle de la précédente : que penses-tu de la bi ou tri-nationalité ? Du point de vue de la « liberté », la possibilité d’être membre de deux communautés me parait essentielle. Mais on voit les limites de cette possibilité quand il s’agit de déchoir de la nationalité. Voilà une petite partie, si tu l’acceptes, du menu de ce soir. Mettons-nous à table, et dégustons ta parole. Mots-clés libres : constitution, constitutionnalisme, droit constitutionnel Classification générale : Droit Accès à la ressource : http://www.canal-u.tv/video/parole_de_chercheurs/f... rtmpt://fms2.cerimes.fr:80/vod/parole_de_chercheur... Conditions d'utilisation : Droits réservés à l'éditeur et aux auteurs. | DONNEES PEDAGOGIQUES Type pédagogique : cours / présentation Niveau : enseignement supérieur DONNEES TECHNIQUES Format : video/x-flv Taille : 548.310 Mo Durée d'exécution : 1 heure 49 minutes 40 secondes |
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